Un pied sur la Graciosa
Il est des îles dont les noms font rêver. Tahiti, Bora bora, les Bahamas, les Marquises, les Tobagos, les Seychelles.... D'autres, plus communes, ont tout autant une place particulière dans l'esprit terrien: Belle Ille, Porquerolles, Ouessant, la Corse. L'occasion d'un voyage de noce, d'une escapade amoureuse, d'un voyage longtemps rêvé.
Ou simplement parce que ce sont des îles.
Moi, il y en a une qui tient une place particulière dans mon coeur et mon esprit. Ce n'est ni Minorque, ni Majorque, ni Ibiza, ni La Corse. Ces îles qui ont baignées ma jeunesse, avec Pontos.
Non, la mienne s'est longtemps faite désirer, je l'ai souvent imaginée. Google Earth n'existait pas à l'époque. C'était simplement quelques lignes et traits sur une carte papier et des descriptions sur les guides nautiques. Elle est banale. Pas bien grande, à peine 7 km par 4 km. 28 km2. 3-4 volcans assoupis de quelques centaines de mètres. Un petit village.
C'est la Graciosa.
Une petite île au nord de Lanzarote, dans l'archipel des Canaries.
Elle n'a vraiment rien d'extraordinaire. Mais elle a quelque chose d'unique. C'est simplement la première île sur la route des Antilles pour ceux qui entreprennent un tour de l'Atlantique en zappant Madere, souvent difficile à atteindre depuis la Méditerranée. Et quasiment le seul vrai mouillage des Canaries.
2004.
Dans le cadre d'une année sabbatique qui doit nous mener de la Grande Motte à la Grande Motte, via la Méditerranée, les Canaries, le Cap vert, les Antilles, les Açores, nous sommes 4 à bord de Matins Bleus : Marie, Milene, Rémy et moi
Gibraltar - Lanzarote. Ma première vraie grande traversée, ma première navigation en Atlantique. 4-5 jours de navigation non stop. Jamais autant fait avant. Situation stressante. Quand on quitte Gibraltar, on prend les alizés. C'est un quasi non retour. Mais au bout, mon île.
C'est une arrivée, de nuit. C'est toujours spécial une arrivée de nuit dans un mouillage inconnu. Le sondeur, le radar, les feux des autres bateaux déjà endormis. Les distances difficiles à apprécier. C'est presque de l'estime. Cette nuit là, on l'a contournée par le sud. Elle se cache. On jette l'ancre. Fatigués, mais heureux, content d'avoir réussis.
Au réveil, le lendemain, à la lumière du jour, on découvre l'environnement. Je découvre mon île depuis le bateau. Le relief. Les couleurs. Une sensation d'accomplissement, de joie.
Nous n'y sommes restés qu'une nuit. La panne du pilote automatique nous obligeant à honorer un rendez-vous avec un technicien à Gran Canaria. Pas de débarquement.
2010. Madere- Lanzarote. Sur ZERO.
Hervé, Hélène, Olivier, Stéphanie, Stephane, Sandra, Marie et moi, sommes à bord.
Une traversée difficile, inconfortable, vent fort, pratiquement au près, des malades.
Arrivée à Graciosa. La houle est présente et rend le mouillage insupportable. Pas de débarquement.
On repart rapidement.
2019. Madère -Lanzarote. Sur ZERO.
Sabrina Valérie, Corinne, Navigation sans problème. Mais le timing imposé par notre nouvelle organisation à 5 co-propriétaires ne nous permet pas de nous arrêter longtemps. Pas de débarquement.
Je ne connais donc pas cette île. Juste vue depuis la mer. Les lignes de relief sur le papier se sont revelées, elle est pelée, aride. Je ne connais que son mouillage, 3 fois pratiqués, 3 fois quittés rapidement.
Sept 2024. Madere- Lanzarote. Sur ZERO.
Ester, Pascale, Patrice, David et moi sommes a bord.
Nous devions initialement faire une escale a Agadir. Pour une fois le vent était bien orienté, permettant cette escale hors des sentiers battus. Mais à mi-parcours, il nous lâche. Mettant certains estomacs à l'épreuve. Barre a gauche, on oublie Agadir pour viser Graciosa.
C'est le jour de mon anniversaire. Va t elle enfin s'offrir à moi en cadeau pour mes 63 ans ?
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