la balade de ZERØ à l'infini

la balade de ZERØ    à l'infini

Des Açores vers Madère

Du 28 Août au 7 septembre 2024, Bertrand, secondé par Isabelle, Elisabeth, Christine, Etienne, Philippe et Pierre, ont effectué le convoyage entre Les Açores et Madère. Christine nous livre le carnet de route de cet équipage.

 

Nouvelle trace du passage de Zero à Ponta Delgada (Sao Miguel) fraichement laissée par l'équipage de Nico

Nouvelle trace du passage de Zero à Ponta Delgada (Sao Miguel) fraichement laissée par l'équipage de Nico

2 mois après notre changement de mat, sur les conseils de notre gréeur, nouveau contrôle visuel de l'ensemble du gréement avant cette navigation hauturière

2 mois après notre changement de mat, sur les conseils de notre gréeur, nouveau contrôle visuel de l'ensemble du gréement avant cette navigation hauturière

 

« Salut à Sao Miguel ! », ces samedis 24 et dimanche 25 août, avec une marche pittoresque autour des lacs de cratères près de Sete Cidades. Faisons fonctionner nos jambes et nos coeurs en compagnie des hortensias, des longoses et autre fleurs ! Demain ce sera le repos pour eux avec la traversée vers Madère, notre destination finale, 500 milles nautiques à parcourir. Nous allons laisser ces îles aux 1500 volcans pour d’autres terres. La découverte nous attend. L’aventure débute dès ce soir où faute de transports, quatre d’entre nous rejoignent le bateau en stop. Embarqués immédiatement. Très sympas, les Açoréens !

 

 

 

Petite acclimatation. Après 50 milles, nous faisons étape à Santa Maria, dans la baie de Sao Lourenço. Dans la lumière du soir, nous découvrons les pentes abruptes en espalier, chaque lopin possède sa petite vigne entourée de murs. Sont-elles encore exploitées ? Nous irons le lendemain matin à l’assaut des escaliers de pierres qui nous mènent jusqu’au plateau de l’île. 300m de dénivelé, quelle chaleur ! Nous ne nous baignerons pas dans l’eau au bleu profond de la plage au sable blond. Départ pour la baie de Praia et le lendemain, après la baignade cette fois-ci, nouvelle pause à Vila do Porto, tout petit port tranquille. Le 28 août, après un dernier bain de mer, départ pour notre lointaine destination.

 

 

 

Seuls.

Seulement les flots, leur ondulation et leur musique.

Rien que le bateau et l’équipage sur l’absolu du bleu.

Pourquoi venir ici ? Pourquoi quitter ?

Pourquoi venir ici, dans une bulle orange et grise poussée par le vent ?

L’horloge s’arrête, on sait qu’on arrivera dans trois jours, dans quatre peut-être.

La route est faite bâbord amure, un flan de Zerø élevé et l’autre caressant l’eau.

Nonchalance, chaleur, étreinte du soleil, les cheveux s’étirent vers la terre quittée.

Les pensées se raccrochent au terreau, à l’humus, aux dernières images, à ceux avec lesquels nous ne converserons plus ou peu pendant ces quelques jours.

Pourtant, ce temps suspendu, ce vide, une chance de se retrouver avec nous-mêmes et de laisser filer au loin les habitudes, la tyrannie du bruit, les multiples sollicitations.

L’esprit n’abandonne cependant pas son monde à travers les lectures, choisies bien à propos pour transformer ces moments en instants d’élévation.

Le mouvement lent du bateau nous engourdit.

Notre cadran solaire s’étale, doré, à la surface de l’eau.

Bavardages à l’extérieur où les barreurs se relaient.

Silences de compagnons à l’intérieur.

 

 

 

Le rythme des journées se suit, une vague, puis une autre. Cap au 105… 110… Tu abats trop… Redresse… Levers et couchers de soleil… Mouvements du vent qui se matérialise durant la nuit lorsqu’il forcit.

Le pilote est en relâche, les charbons sont usés.

Les muscles vigoureux se relaient et maîtrisent la barre.

Terre ! Porto Santo à une heure du matin ce 2 septembre !

Joie du sol stable et horizontal du moins pour votre conteuse.

D’autres auraient poursuivi longtemps.

Pour d’autres encore, besoin d’un peu plus d’accoutumance pour s’engager dans une plus grande traversée.

 

 

 

Porto Santo ! Deux jours de vent fort mais le port est bien abrité. Sur les indications de Julien, longtemps équipier de Zerø, et qui est à Madère au même moment, nous effectuons une belle marche jusqu’à l’extrémité ouest de l’île dans un désert de roches volcaniques couleur sable. Des grottes se sont formées dans ces concrétions contenant des milliers de coquillages. Quel contraste avec la luxuriance des Açores ! Les vélos nous permettent une exploration plus large de l’île, l’église Sao Pedro avec sa magnifique cène, belles plages dont nous ne profiterons pas car la pluie menace !

 

 

 

Le 4 septembre, le capitaine a assez patienté ! Le vent a baissé mais la mer reste formée. Nous partons, vent 3/4 arrière vers la baie d’Abra à Madère. On peut imaginer que c’est ici qu’Hokusaï, le fou de peinture, est venu réaliser son célèbre tableau, « la vague ». Celles-ci s’entrecroisent, crachant une écume puissante. Les montagnes d’eau roulent, s’entrcehoquent et se prosternent vers l’horizon. Mieux vaut parfois détourner le regard de l’arrière du bateau où le monstre nous poursuit dans une convulsion intense et saisissante. C’est beau. Après la remontée des fonds et une foi à l’abri des falaises de Madère, l’exaltation de la mer disparaît et le canoë est même de sortie ! Le paysage est rude et saisissant.

 

 

 

Le lendemain nous réserve encore une mer agitée vers les îles Désertas. Vent au largue, rafales à 35 noeuds, les abdos et tous les muscles travaillent à la barre ! Nous sommes seuls face à la base de recherche sur une bouée pas loin de terre. Deux bouées en fait, une à l’avant et l’autre à l’arrière, Zerø pèse quand même son poids et les rafales sont toujours présentes. Ocre rouge, ocre jaune, veines noires, comme à Madère, la géologie a organisé les couleurs pour le plaisir des yeux. Nous ne débarquerons que quelques instants. Le lendemain, départ au moteur car nous avons le vent dans le nez puis au près avec deux ris, foc et trinquette. Une déchirure apparaît dans la grand-voile au renvoi du deuxième ris. Je perçois de l’affairement mais ne voit rien, ça secoue et je suis partie m’allonger. Arrivée à la marina. La marina de Madère est soignée, un complexe touristique en préparation. Julien et Aurélie, sa compagne, sont là pour nous accueillir.

 

Nous croisons le nouvel équipage l’après-midi du lendemain.

Merci et bravo, Zerø, pour les plaisirs passés, présents et à venir !

 

 

Ocre rouge, Orcre jaune, veine noire...

Ocre rouge, Orcre jaune, veine noire...



06/10/2024
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