Brésil - Traversée
Donc, cette traversée, tres bien….. juste tres chaud !!
Nous sommes ainsi parti le jeudi 10 Mars au matin du CVD de Dakar, Cap sur Brava au Cap Vert pour une petite étape de mise en jambe avant le grand saut vers Salvador de Bahia. 2 jours et 430 miles plus tard , nous y sommes . Mais pas de port, juste un abri constitué d’un quai quasiment ouvert sur la mer. Tant pis, on s’y met quand même, j'ai trop envie de connaître cette île. La plus sud et ouest de l’archipel. Nous y resterons 2 jours. En pirate, mais je le savais. Les autorité locales nous demandaient de retourner a Praia pour y faire l’entrée officielle que nous n’avions délibérément pas fait. C'est sur, remonter 30 nœuds d’alizé au près, ça se fait en rigolant. J’ai beau leur expliquer que nous ne sommes ici qu’a cause d’une avarie de grand voile ( même pas vrai)… que nous n’avions pas prévu de venir … tralalala… rien n’y fait.
- Bon lui dis je, OK, nous irons demain a Praia faire les papiers et nous partirons ensuite pour le Brésil. Mon œil, le lendemain, au lieu de tourner à gauche en sortant du port, on a file à droite, direction le large.
Mais, bon, ils étaient sympa les douaniers de Brava, sympa, mais les pauvres devaient appliquer les ordres.
Moralité : nous sommes maintenant hors-la-loi à Brava. Je ne pense pas y revenir de sitôt. L’île est belle, assez verte, mais étonnement, les gens n’ont pas été super accueillants ; C’est la première île du cap vert ou j’ai cette impression. Mais peut être n’y sommes nous pas resté assez longtemps. Et donc pas assez de temps pour lier connaissance. Sinon, l’île est un peu plus verte que Sal. Ils ont même une rivière !!! Et est assez riche, la plus riche de toute parait il. Mais bon, sans plus.
Donc nous sommes reparti le Mardi 15 pour la traversée vers Bahia. A 5 : Sandra, Stephane, Gilles, Toubab et moi-même ; Toubab. Toubab ? Qui est Toubab ?
Oui Toubab. J’ai croisé toubab au bar du CVD. Elle traînait la avec ses copains et copines. Comme beaucoup, elle ne rêvait que d’une vie meilleure dans un autre pays. Elle m’a fait les yeux doux, est venue me voir. J’en suis tombé amoureux. La pauvre était malade et affamée, éternuait, avait les larmes aux yeux, la goutte au nez. De tous et toutes qui m’avaient demandé de les emmener au Brésil clandestinement, elle est la seule à qui j’ai dit oui.
Comme Stephane, Toubab a été malade les 2 premiers jours. Puis elle s’est amarinée. Maintenant, elle va mieux, mange et dort normalement. Quelques pilules données par un médecin français en escale au CVD et son vilain rhume est partie. Elle me cause néanmoins quelques soucis, ne se rend pas vraiment compte du danger. Elle va se balader sur le pont, la nuit, sans prévenir personne. On la cherche et on la trouve avachie dans le lazzy bag !!!!
Pardon, j’ai oublié : Toubab est une charmante petite chatte de quelques semaines. Blondinette, tirant sur le roux. Elle est adorable. Je suis content de l’avoir sauvée d’une mort quasi certaine de faim à Dakar. Mais elle est sans papiers. Je vais donc la rentrer clandestinement au Brésil. Et après, Inch allah.
Les 3 premiers jours de la traversée ont étés merveilleux. Vent de ¾ arrière , permettant de belles journées de plus de 170 miles. Puis le vent est tombé. Nous pensions être entré dans le pot au noir. Que dalle. Il était bien plus loin….. et bien plus étendu que ce qui était prévu. Bref, 4 jours de vent mou, voire inexistant. J’ai donc mis un peu le moteur, qui a rechargé les batteries en même temps, au lieu d’utiliser le groupe. Cela a permis de sauver un peu la face avec des journées a 100 miles … Puis est venu l’équateur …. Tradition oblige, nous avons tous été intronisé, avec Gilles en maître de cérémonie. Le passage a eu lieu à 5 heure du matin, ce qui ne nous a pas empêché d’ouvrir une bouteille de champagne pour l’occasion. Merci Neptune de nous avoir laissé passer.
Petit a petit, le vent est revenu. Bien faible. Puis ce sont les orages. Durant 2 jours, j’ai eu l’impression que ZERO participait a une compétition de ski : slalom géant. Piquet droit, piquet gauche, a droite, a gauche …. Au lieu de piquet, nous avions des orages. Un champ de mine, qu’il fallait éviter, en passant, selon les cas, à droite ou à gauche. Gaffe aux accélérations de vent. Et selon que le nuage noir est en expansion ou en vidange ( je veux dire, s’il pleut dessous), le vent est a l’opposé. Vous l’avez compris, il fallait jouer fin.
Le jour suivant, je me réveille et m’étonne de voir sur le pont, Gilles et Stephane. Normalement, j’aurais du être réveillé par Gilles a 4 heure, mais, il était 7 heure et ils étaient la tout les 2 .
Ils cogitaient devant l’ecran du radar pour choisir l’option a prendre pour négocier l’ultime orage qui se présentait devant nous .
Tu parles, la, on a pas le choix, vu sa taille, il barre tout l’horizon. Faut entrer dedans. Faut aller dans cette crasse noire et peu engageante. On se prépare. Et bientôt, ce sont des trombes d’eau et un vent violent qui nous accueillent. Dans ces cas la, on n’est pas de trop. Fermer les hublots, prendre un ris, rentrer le chat, enrouler le genois, dérouler la trinquette, reprendre de la bastaque, régler le pilote qui fait n’importe quoi … remettre de l’ordre a l’intérieur. Rentrer tout ce qui séchait dehors. Et toute cela le plus rapidement possible. Et enfin, prendre une douche sous cette eau douce a volonté.
Bref, je ne sais pas si le nuage était particulièrement grand ou si la météo de la journée était tordue, mais nous sommes resté dans cette crasse toute la journée .
Le lendemain, le soleil et la chaleur sont revenus. Mais notre bon petit vent s’était bien calmé …
En tout, on a péché 3 poissons . 3 Wahoo, ou thazard commun. Le premier, 4 kilo, les 2 suivants : 9 kilo et 120 cm chacun. 10 repas a chaque fois. Pour tout vous dire, on en a un peu marre du poisson. Vivement un bon steack frites.
Passé l’equateur, le vent est resté faible. 15 nœuds grand maximum. Parmi les anecdotes : rupture de la drisse de spi, ce qui nous a obligé a une manœuvre en catastrophe . Et plus de spi pour les 3 derniers jours…
Comme d’habitude, les traversées répondent a une règle bien vérifiée. Les 3 premiers et les 3 derniers jours sont pénibles. Les 3 premiers parce que on est encore dans le rythme de la vie terrienne. Repas, sommeil, occupation ….Pour ma part, j’ai beau le savoir, j’ai toujours l’impression que je n’y arriverai pas. P…. ca va être trop long. Ca va être insupportable. Je vais m’emmerder. S’ajoute parfois une période d’amarinage avec un léger mal de mer. Et les 3 derniers, parce que la fin approche et qu’on voudrait bien que ca se termine parce qu'on commence a rêver de steack, de frites, de bière fraiche, et d'une douche. Entre les 2 et quelques soit la durée, la période se passe bien. Les jours défilent. La routine prend sa place. ..
Pêche, bouffe, lecture, sieste, mail iridium, reglage voile , faire la vaisselle, douche, dormir, ….
Je n’avais jamais vu de couché de soleil aussi beau que durant cette traversée. Ajouter a cela la pureté de l’air. C’etait des moments inoubliables. Splendides.
13 jours et 17 heures après notre départ, nous sommes entre dans la baie de tous les saints. Bilan, un peu plus de 6 nœuds de moyenne ; Vraiment pas terrible. Vent vraiment faible. Mais comparé au 18 jours de nos nouveaux voisins de ponton, ce n’est pas si mal.
Maintenant , A nous le Brazzzziiiiiiilllllll .
Notre première journée a Bahia, brésil.
Accueillis par Marc et Fanfan sur le ponton. Nous avions réussis a les joindre par VHF un peu avant notre arrivé dans la baie. A la marina à coté, ils ont juste eu le temps de sauter dans un bus pour venir nous prendre les amarres.
2 heures après, un déluge, enfermé à l’intérieur du bateau, sans ventilation possible, nous n’avons pu échapper à l’orage qui nous a lui aussi accueilli. Des trombes d’eau qui ont fini de laver le pont. Mais à l’intérieur, l’impression d’être dans un hammam.
L’après midi a été consacré aux formalités administratives : il faut passer : à la police pour le s visas, aux douanes pour le bateau, a la marine, je ne sais pas pourquoi, et aux services de santé pour les vaccins.
Et surtout ne rien rater ou négliger. Il y a ici dans la marina des bateaux confisqués, bloqués, sans pour les propriétaires la possibilité de vivre à bord, tout simplement parce les papiers n’étaient pas en règle. Y rigolent pas les brésiliens
Le matin, on avait essayé mais en ce pointant à 11H30 pour une fermeture a 12 h00, la policière nous avait fait comprendre qu’il fallait revenir a 14H00. Soit.
L’après midi donc, même policière : une espèce de matrone gueulante, braillante, éructant du portugais sans se soucier qu’on ne comprenait rien. Agressive … mais bon, ça a duré ½ heures seulement et on a nos tampons .
Les douanes ; Un type sympathique qui a pris tout nos documents, qui est allé à son ordi, à regardé fixement son écran pendant 2 heures, jouant avec sa souris, de temps en temps tapant 1 lettre. Au bout de 2 heures, ils nous sort triomphalement 2 feuilles de l’imprimante qui reprenaient les informations que nous lui avions données. No comment .
La marine : on nous avait prévenu, il faut venir en pantalon et en chemise ; sinon, ils vous virent. J’étais donc sapé comme un prince pour l’occasion. Il était 5h moins le quart et ils ferment à 5 heures. Je redoute le pire. J’entre dans une salle immense, avec 15 guichets comme a la poste, avec 15 types derrière qui attendent je ne sais quoi ou qui, ; J’étais bien sur le seul ‘’ usager ou client’’. Ca a dure 3 minutes 20 maxi, le temps de faire des photocopies !!! Allez comprendre.
Mais le must, c’est qu’il faut refaire tout cela a la sortie. Du pays ? Non de l’état…. Et recommencer à l’entrée du suivant. Ça promet.
Le soir, c’est mardi jour de fête en ville ; Marc et fanfan nous ont quitté le midi, on les retrouvera demain. La ville est a nous.
On commence par une caipirinha . Délicieuse. On tombe sur un concert de rue qui se prépare. On s’installe au milieu des badauds. Assis sur les marches d’un escalier, on attend patiemment. Les gens arrivent, puis les chanteurs et musiciens. C’est encore calme. Je matte les gens autour de nous, surtout des jeunes, qques touristes mais pas trop. Tous discutent, boivent des bières, fument.. La musique arrive. Assez entraînante, samba, reggae, bossa, africaine, rap, hip hop.. Première chanson. Le son est fort, très fort même ; a coup sur une tranche de centrale nucléaire doit être nécessaire pour alimenter la sono. 2em chanson, qques personnes se lèvent et commencent a trépigner ; 3 eme , certains engagent un début de danse. 4 eme, si on ne veut pas mourir écrasé, il faut se lever 5 eme, ça commence à bouger fort. La majorité du public danse. Et s’agite, et chante.
Le spectacle n’est pas sur scène mais dans le public. Au fur et à mesure de la soirée, j’ai pu constater que les gens arrivent, bien sage pendant les 3 ou 4 premieres chansons. Bon me dis je celui la, il est comme moi ; Il doit lui manquer les neurones de la musique. Ses basses couches de programmation éducative n’ont pas reçu le programme ‘’ musique’’. Comme pour moi, rien ne se passe dans ses hanches. Stephane en revanche, sur les marches derrière s’agite comme un fou. Sandra a peine moins. Gilles est comme moi, probablement nourris aux OGM européennes de la non danse . Mon regard s’égare à droite, à gauche, Les brésiliennes surtout je l’avoue !!
Puis je reviens à mon nouvel arrivant que j’avais laissé bien sage, et je le retrouve agité transpirant, pris par la musique, il s’est lancé. Et c’est pour tous pareil. Calme au début, puis pris par un frémissement léger qui se transforme vite en agitation endiablé.
Notre odorat, aseptisé par 15 jours de mer est ultra sensible. ça sent la sueur, la bière, le pétard . Quelle ambiance !!
Ce n’est pas mon truc, le brésilien est sans inhibition et sans complexe. Gros, petit, laid, tout le monde s’exhibe et danse. Je fais des efforts pour rester encore. Je ne vais pas aller me coucher la première nuit si tôt. En coin, je matte Gilles, lui aussi manifestement semble grimacer. Derrière, Stephane et sandra sont en nage.
A la 265 eme chanson, je demande : vous n’avez pas soif ?
Si
Ouaip, gagné . on file …
On fait 100 mètres, et on tombe sur une rue barrée par un groupe de percussionnistes. Ceux qu’on voit et qu’on entend lors du carnaval. Une batucada. Oublié la soif, Voila Sandra et Stephane reparti.
Gilles et moi, de peur de les perdre de vue, on rase les murs et commence à suivre la procession.
Et le miracle s’est produit. Mutation de mes chromosomes. J’ai commencé à sentir des frémissements dans mes jambes. Sans aller jusqu'à intégrer la procession, j’avoue avoir été pris par le rythme. Peut être la prochaine fois .
C’était grand.
3 Kms plus loin. Je vois que stephane s’essouffle. Il appelle Sandra et on file sur une place que nous avions repérée et ou se trouvait tout un tas de marchand ambulants préparant brochettes et caipirinha …
23h00. on croise un couple de hollandais rencontré aux douanes ce matin, qui rentre probablement à leur bateau. 11H30, épuisé et un peu éméché, on va pour prendre l’ascenseur qui nous ramènera à la ville basse. Fermé… On nous a déconseillé de descendre a pied. Trop dangereux. On se résout a prendre un taxi qui pour faire 2 kms nous prendra 12 reals ( 5 euros). En passant par des rues, il est vrai pas très engageantes. Bon, demain, on fera attention, l’ascenseur doit s’arrêter à 11 H00.
Aujourd’hui, nettoyage du bateau et internet .
On verra ensuite. Tudo Bem.
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