la balade de ZERØ à l'infini

la balade de ZERØ    à l'infini

Baie d'Ilha Grande

1,5 mois que nous sommes dans la baie d’ilha grande et au grand max, 80 milles parcourus. Autant dire, que ça glandouille dur dans le coin. Mais comment faire autrement quand le mouillage paradisiaque suivant est à quelques minutes du précèdent. Et en plus, il est évident qu’on ne pourra pas tous les faire.

Plantons le décor.

Imaginez une immense baie de 100 milles de long et de 30 milles de profondeur. Pour protéger tout cela une grande île de 50 milles de long, 20 de large et 1000 mètres de haut qui donc coupe la mer du large. Déjà, ça fait un beau plan d’eau.

Vous rajoutez dans ce plan d’eau quelques centaines d’iles, genre port cros, porquerolles. Quelques Embiez, Sein, Ouessant …  en tout, plus de 3 ou 400 îles. Vous les couvrez de foret tropicale, bordez de plage de sable blanc, ourlez de cocotiers, bananiers et autre arbre a pain. Ces îles ont du relief bien entendu et sont bien échancrées.  Des mouillages à foison. 2 ou 3 grands bourgs pour le ravitaillement, quelques marinas pour les pleins d’eau et de fuel. Parfait.

Partout, des plages de sable blanc, des rochers de granit, des cocotiers, palmiers, la foret  …. Vous avez là, un splendide terrain de jeu ou on pourrait rester des mois. Mes préfèrés ? Saco de Ceu , Ilha do Cedro et Ilha Cotia.  Saco de Ceu pour sa protection , Ilha do Cedro pour ses pécheurs de crevettes qui nous en vendent pour presque rien et pour sa fontaine d’eau douce sur la plage , Ilha da Cotia parce qu’elle est dans un environnement qui me rappelle la Norvege : seule au fond d’un fjord.

 

Ces mouillages sont en général déserts car nous sommes en hiver. Le week end, on a un aperçu de ce que la région doit être en été. Beaucoup de bateau. Beaucoup de monde, beaucoup de musique comme d’habitude. Des bars flottants que l’on rejoint en annexe. Porquerolles en Juillet.

Les plus petites de ces  îles sont souvent inhabitées. Les plus importantes abritent de splendides maisons au luxe que l’on imagine important mais sans être ostentatoire. Pelouses impeccablement tondues, de véritable green de golf, piscine, tennis, quai pour le bateau, piste pour l’hélicoptère…. Plusieurs domestiques s’activent.

 

Malgré notre incapacité à dialoguer en portugais, nous avons fait quelques rencontres sympathiques. Bien sur, elles ne sont pas représentatives de la population brésilienne puisqu’elles parlent l’anglais ou le français.

A commencer par Alain. Alain vit seul avec son chien  corrotche sur un voilier en acier de 10 m. Il a quitté la France il y a 17 ans, a bourlingué 8 ans au Sénégal avant d’arriver en 2007 au Brésil. Il a oublié sa ville d’origine, ne connaît pas DSK … en rupture.  Il vit de petit boulot et mène une vie tranquille. On lui donne la cinquantaine.

 

 

 

En ce moment il travaille sur le bateau de Carlo. Carlo, 46 ans vit avec Gabby, 23 ans sur un motor yacht de 20 mètres.  Ils sont tout les 2 de Sao Paulo. Carlo est fils d’une famille très très riche. Il a fait des études d’ingénieur du son à Los Angeles et a monté un studio d’enregistrement à Sao Paulo. Il ne travaille plus et a engagé la  remise en état du bateau que son pere lui a laissé. Je ne saurais décrire le process de fabrication pour le vernissage du bois mais c’est proprement hallucinant. Tous les produits chimiques sont importés des USA ou d’Allemagne. Et comme le dit Alain, ‘’je suis certain que on ne fait pas mieux pour rénover un objet d’art’’. Je n’ai retenu qu’un point : les pinceaux utilisés viennent de Chine, les poils sont en cils de porcs et valent 60 dollars chaque. Vous imaginez le reste ?

Carlo et Gabby veulent vendre ce bateau trop gros pour eux. Hyper luxe a bord ; 12, 24, 220, 380 Volts. 2 dessalinisateurs, un atelier d’outillage que l’on ne trouverait ni chez Casto ni chez Leroy Merlin. Un groupe électrogène capable de fournir de l’électricité a la ville de Romorantin .Pour faire la cuisine, comme tout est électrique, il faut faire tourner le groupe. Ils ont lu tous les récits des grands explorateurs polaires. Pour se rendre dans ces contrées extrêmes Carlo va construire de ses propres mains un voilier de 47 pieds à San Marin. Il prévoit 3 ans de chantier, mais Alain pense plutôt pour 9 a 10 compte tenu du niveau d’exigence de Carlo. Pour infos, Alain travaille a la refonte des vernis de San Marino (c’est le nom du bateau) depuis 3 ans, 5 jours par semaine. No comment.

 

 

 

Et puis, il y a Philippe, qui tient un restaurant à Bracuhy. Philippe doit avoir la soixantaine, mais a 30 vies derrière lui.  Ancien de l’ORTF, correspondant d’Antenne 2 au Chili et en Argentine aux pires moments de la gente. Il a couru la Withebread sur 33 export ( surnommé l’épave jaune par les anglais a l’époque) avec Georges Pernoud, a été cameraman, s’est fait construire un bateau en Amazonie de 33 mètres sur lequel il vit encore en ce moment, a failli mourir 10 fois. Kersauzon et G Pernoud sont ses potes.

La, il en a marre du restaurant, il engage la construction d’un hôtel sur une île qu’il a acheté avec un ancien directeur de France 2.

 

Et puis il y a Celso et Eusi , la cinquantaine tous les 2, ils vivent sur leur bateau depuis 2 ans. Ils ont quitté leur boulot, et sont donc a la retraite. Lui était ingénieur maintenance dans une sté pétrolière, elle psychologue pour enfant. Ils ont racheté une vieille coque en aluminium de 15 mètres quasi neuve et l’ont pensé pour pouvoir faire le tour du monde. L’intérieur est superbe. Tous les équipements sont presque d’occasion mais sont surdimensionnés. Le bateau est néanmoins élégant. En revanche, il y a certains manques cruciaux pour un tour du monde. Pas de radar, pas de moyen de communication, 1 seul mouillage (et plus léger que celui de ZERO, alors qu’il fait 3 tonnes de plus ….). Il faut dire que tout ce qui touche la marine de plaisance au Brésil est hors de prix. Et s’il faut importer, c’est 80% de taxe. Alors, ils y réfléchissent a 2 fois avant d’acheter. Depuis 2 ans, qu’ils vivent sur leur bateau, ils n’ont pas quitté la baie d’Ilha Grande. J’ai l’impression que la moindre petite vaguelette les effraie un peu. Ils envisagent pourtant d’aller aux Antilles l’année prochaine, et même de traverser l’atlantique.

En tout cas, ils sont adorables. On s’invitent régulièrement a nos bords respectifs pour déguster les efforts culinaires  nationaux. 

 

 

 

Je ne parle pas des bateaux Neo Zelandais, Irlandais croisés dans les mouillages.

 

Comme notre chemin du douanier en France, l’ile de Ilha Grande ( 5 milles par 20)  est ceinturée par un sentier fort agréable . Il longe la mer au milieu de la foret tropicale. Nous en avons fait quelques tronçons. Un jour, alors que nous étions mouillés a Sitio Forte , sur l’île, je repère un chemin qui quitte la plage perpendiculairement. Je l’emprunte, et il commence a s’éloigner de la plage en grimpant raide vers la montagne. Je persévère, ce chemin n’est pas sur nos cartes de randonnées. Au bout d’une ½ heure, de forte grimpette, la foret disparaît et laisse place à une bananeraie. La vue est splendide. Je marche encore un peu et commence a entendre des chants.  Mais que font ces personnes ici, si loin de tout, et dans un endroit si inaccessible ? Je m’approche et entraperçois 2 maisons cachées au milieu de la  foret qui reprend. Le chemin passe à travers les maisons, je n’ose aller plus loin, je redescends.

Quelques jours plus tard, j’en parle a Celso et lui demande s’il ne serait pas intéressé pour y retourner. Il parle portugais, cela m’intéresse d’en savoir un peu plus sur ces gens.

On y retourne donc, et continuons jusqu’aux maisons. Après les Bom Dia et autres formalités d’usage, je commence a les abreuver de questions que Celso traduit. Il s’agit d’un père et de son fils. Ils vivent là de génération en génération. N’ont pas d’électricité. Descendent à la plage 1 fois par semaine pour apporter le fruit de leur culture. Quelqu’un se charge de véhiculer le tout à Angra, de l’autre coté de la baie. Pas de radio, pas de TV bien sur. Ils ne vivent que du fruit des qques cultures visibles : manioc, bananes, coco, et les fruits sauvages : ananas, arbre a pain.. un petit ruisseau leur apporte de l’eau en abondance.

Hors du temps. Celso, me dira plus tard qu’il s’agit probablement de descendant d’esclave échappés qui se sont réfugiés là.  L’impression d’être dans un autre monde.

 

 

Nous approchons de la fin de notre séjour dans la baie. J’en garderai plein de souvenir. Dont un gargantuesque barbecue sur la plage. Organisé par la paillote locale et à destination des quelques plaisanciers mouillés dans la rade, il était somptueux. De la viande excellente, à volonté, et …. Gratuite .  Nous n’avons payé que les boissons. Et a 1,5 euros la bière, l’addition a été légère pour la tonne de barbaque que nous nous sommes avalés.

 

 

Notre point météo du mois : Et bien, pour un pays soit disant tropical, l’hiver  est plutôt frisquet dans le coin. Dans la journée, ca va encore, 24-28 degré. Mais le soir et la nuit, on descend facile a 18-20.  Plusieurs fois, au réveil, on a eu 16 dans le bateau. On dort donc vraiment bien. Mais le port de la petite polaire est souvent nécessaire le soir. Et la mer est descendu a 22°. Dur dur pour aller gratter la coque.

 

dimanche 12 juin 2011, on change de mouillage. Le vent est bien agréable, 12 nœuds au près, j’envoie toute la toile. Pendant que Marie joue avec Toubab a l’intérieur , je m’affère aux manœuvres. Tout d’un coup, je vois sortir de la cabine, une boule de poil roux, et foncer vers le coté du bateau. Je me penche, elle a disparu. :

‘’ Un chat à la mer", j’ai envie de crier !

 

ZERO filait 8 nœuds au près sur une mer calme. La manœuvre du chat à la mer s’est bien passée, sauf que Marie a du se mettre a l’eau pour aller récupérer la bestiole mouillée et échaudée  qui commençait à craindre l’eau froide.

J’ai récupéré les 2 au bout de 10 mn. Je ne sais pas des 2 qui était la plus traumatisée.

 

Voila le news, et à part cela : Tudo Bem.

 



25/09/2011
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