la balade de ZERØ à l'infini

la balade de ZERØ    à l'infini

Tromsoe et Spitzberg

La terre est ronde, nous, on est presque tout en haut    . Et en fait, elle n’est pas si grande que cela. J’ai croisé sur le port de Tromsoe, mes amies Annette et Guylaine, venues faire une croisière de 15 jours dans les îles Lofoten avec leur association de voile. Tromsoe étant la grande ville du Nord de la Norvège, port d’avitaillement, nous avions de grandes chances de nous y croiser. Lorsqu’elles ont reconnu ZERO, j’étais en haut du mat, en train de changer le capteur de l’anémomètre. Difficile de discuter avec elles depuis 23 mètres de haut !!! Par politesse, j’aurais pu redescendre, mais je n’avais pas fini mon travail et j’ai eu pitié de mes équipiers qui avaient avec peine, monté mon presque quintal jusque là.

Mais au bout d’une heure, travail fini, je suis redescendu pour aller boire l’apéritif sur leur bateau amarré non loin.

C’est à Tromsoe que nous avons fait les pleins,  600 litres d’eau, 1000 litres de fuel, bonjour l’addition, et de nourriture : 20 kg de beurre, 24 de farine, 10 de sucre, 15 de patates, 90 kg (pas d’erreur) de riz, 20 kg de pâtes (Angélo est a bord !!!), 8 dz d’œufs, …  plus plus plus tout le reste.

La ligne de flottaison de ZERO en a pris un bon coup. Mais nous devons absolument être autonome pendant 1 mois. Il n’y a rien au Spitzberg. Très certainement une épicerie, mais de toute façon vu les prix pratiqués en Norvège, on n’ose imaginer ce qu’ils doivent être a Longyerbean, capitale de l’île (2 000 hab) car il faut rajouter le prix du transport depuis le continent.

 

Apres cet épisode, petite navigation de 1 h30 pour aller échouer ZERO sur sa plage préférée ; Histoire de lui retirer tous les coquillages collés a la coque. Il n’a plus d’antifouling depuis longtemps, et devra attendre septembre et la France pour recevoir une couche protectrice neuve. D’ici la, heureusement aidé par les froides températures de l’eau, il va falloir faire avec. Beachant autant que possible et nécessaire. Nous l’avions fait il y a 2 mois, mais rapidement, ces sales bestioles se sont amourachées de notre coque. Si nous ne les avions pas ôté de la, nous aurions au moins perdu 1 nœud.  Donc 12 heures de plage et vers 21 heure,  à marée haute, retour à la baille et départ : cap au nord. Encore 8 heures de navigation entre les îles et nous voila hors de l’abri des montagnes. ZERO retrouve la houle et les vagues qu’il avait perdues depuis presque 1 an. Soit, depuis que nous sommes arrivé en Norvège, en Août 2009 et que nous naviguons entre les îles, à l’abri et sur une mer plate.

 

Mercredi 8 Juillet La première nuit a été agréable. Enfin, façon de parler, parce que, pour mémoire, il n’y a pas de nuit ici.  La navigation a plutôt ressemblée à une traversée Hyères Calvi. Pétole, calmasse, moteur, soleil. Seule la température diffère un peu. Quoique pas froide, environ 15 degrés dehors, nous ne quittons quand même pas nos polaires. Autres données : 22° à l’intérieur du bateau, et l’eau à 10°.

Autre différence, il n’y a pas beaucoup de bateau dans les parages. Pour ne pas dire aucun.

 

Jeudi 8 Juillet au matin: toujours en mer.  L’île aux ours est devant à quelques heures de mer. Le soleil nous a quitté. Le brouillard l’a remplacé. Le vent l’a accompagné. La mer est toujours calmée. Avec ZERO, un banc de dauphin s’est amusé. Et de 2°, la température de l’eau a baissé.

 

 

 

 

 

Dans l’après midi, le vent qui nous avait gentiment propulsé pendant une dizaine d’heure, s’en est allé. Nouvelle calmasse. On réveille super Nanni (Diesel) qui venait à peine de se refroidir. Son ronron reprend de plus belle.

Parmi les nouveaux arrivants, Pascal a du mal à s’amariner, malgré la mer somme toute assez calme, il est barbouillé et reste allongé. Il sort de sa grotte de temps en temps pour constater que le mal est toujours là.  Pierre s’entraîne à la confection du pain.

 

Le soir, on arrive à l’île aux ours, petite île déserte de 20 kms sur 10 entre la Norvège et le Spitzberg. Toute pelée, sombre, lugubre, dans le brouillard.  Brrrr. Pas gaie.  D’autant qu’on a mouillé au pied d’une ancienne mine de charbon désaffectée et je dirai  même, maintenant délabrée. Sinistre. Il y a parait il une base météo polonaise quelques part sur la cote nord. J’espère pour eux qu’ils ont une bonne dose de vodka. J’imagine l’hiver ici …..Faut vraiment être en rupture avec la société pour venir se perdre dans ces coins.

 

Vendredi 9 juillet : la température de l’eau a bien chutée. 5 °. Nous croisons maintenant plein de bateau de pêche. A l’écran, un véritable champ de mine. Leurs mouvements suivi à l’AIS* montrent un étrange ballet. 3 par 3, ils naviguent, semblant ratisser un endroit, puis se rassemblent et se mettent à faire des ronds dans l’eau. Comme nous venons de croiser une grande quantité de baleines, nous en soupçonnons la chasse. Possible, car elle est autorisée en Norvège et nous sommes en pleine saison. Avec la disparition du soleil, la température à l’intérieur est descendue à 14°. 

 

Samedi 10 juillet : du vent, nous permettant de bien avancer. Sinon, RAS, la température de l’eau est maintenant à 3°. S’agit pas de tomber !! On a perdu le courant du gulf stream pour récupérer un courant froid venant du Nord Est.

 

Dimanche 11 juillet : le vent est retombé. Un Grib* récupéré avec l’iridium nous en prévoit pour l’après midi, mais nous serons peut être déjà arrivé. Nouvelle flottille de pêche. Même ballet. 

 

16 h00 : depuis 10 h00, ce matin, nous logeons la cote ouest du spitzberg. Elle est à environ 4 milles sur notre droite. Et alors, c’est beau ?

Ben, on n’en sait rien, car on est depuis ce matin dans une purée de pois terrible. A ne pas voir sa main. Navigation au radar, et au GPS. Le nez sur l’écran radar, on imagine ce qu’on pense être des bancs de glaçons. On les évite soigneusement, sans être certain de ne pas avoir contourné une averse.  L’eau est maintenant à 1°C !!!!!!  Dehors, il fait 5 et dans le bateau (sans chauffage) : 15 !!.

 

 

 

17 h00 : on se rapproche de la cote. Et soudain, dans le brouillard, on aperçoit des brisants, puis un rocher à 200 mètres.  On se rapproche encore. On se guide avec le GPS et le radar. On enroule la pointe et le génois, et on pénètre dans une sorte de lagon. Comme par enchantement, le brouillard se lève, ce qui permet de découvrir au loin, 3 énormes glaciers qui se jettent dans la mer.

 

Magique. Nous sommes par 77° 04N  14°55E

 

17 h15 : la pioche est dans l’eau et le brouillard se referme sur nous !!!! Mise en route du chauffage, la température monte rapidement à 23°. 

 

lundi 12 juillet : réveil un peu tardif suite a un dîner bien copieux qui fêtait notre arrivée ici : confit de canard, pomme de terre sautées. Et vin rouge (1 verre chacun).

Donc, réveil vers 8 h30 pour certain, vers 11 h00 pour d’autres.  De toute façon, il n’y a rien à faire, le brouillard nous enveloppe toujours.

Enfin, vers 14 H00 ; le vent tombe, s’inverse et la visibilité revient. Puis le soleil aussi.

 

On relève l’ancre et sans vent, au moteur, nous nous rapprochons des glaciers aperçus la veille. Des glaçons s’en détachent et nous zigzaguons afin de ménager la coque et l’hélice de ZERO. On navigue dans une zone non répertoriée sur la carte. Elle date de 1960 et là ou nous sommes maintenant, il y  avait à cette époque le glacier. Il a au moins reculé de 600 mètres, a tel point, que notre trace sur l’ordinateur nous place sur la terre ! On avance lentement, un oeil sur le sondeur, l’autre sur la mer. Le soir, on s’éloigne un peu et on va dans un mouillage isolé.

Je suis réveillé au milieu de la nuit par un choc sourd. Je saute comme un ressort de ma couchette. Pendant que je traverse le carré et m’apprête à sortir, j’imagine que l’ancre a décroché et que nous sommes sur les cailloux. Pourtant il ne semble pas y avoir de vent fort. Bon. Je reconnecte mes neurones et commence à imaginer la manœuvre de déséchouage.  Arrivé sur le pont, à poil (merde ça caille) je m’attend à voir, en levant la tête,  à 20 mètres au dessus de moi les hautes collines de l’île qui étaient sous notre vent au couché. Mais je constate que nous sommes toujours au même endroit mais pas dans la même direction. ZERO n’a pas bougé, seul le vent a tourné. Alors, je ne comprends pas. C’était quoi ce choc ?  J’ai rêvé ? D’ailleurs, les autres ne semblent pas bouger en bas comme en témoigne les ronflements qu’on pourrait imaginer venant d’un moteur proche ou d’un ours en phase d’hibernation. J’écarquille les yeux, regarde dans l’eau et je comprends. Le vent qui a tourné, rabat maintenant sur nous tous les glaçons échappés du glacier. Il y en a partout, des petits et des gros. Pas encore de la taille d’iceberg, mais suffisant pour abîmer nos safrans. J’en vois un assez gros juste derrière nous, c’est lui le coupable. Sûrement plusieurs tonnes. 2 heures du matin, plein jour. Que dois je faire ? Les autres semblent dormir encore ou font comme si.  Je reste encore un moment, pour observer le déplacement des glaçons, la réaction de la coque, pour finalement conclure que les safrans, même en cas de chocs devraient résister, ou du moins échapper aux chocs. Le bateau tirera un peu plus sur son ancre, c’est tout. Je les regarde et vérifie de visu la règle : 1/7 hors de l’eau, 6/7 immergé. Et bien, c’est impressionnant. Le reste de la nuit s’est déroulée en pointillé

 

Le soir, Pascal, Pierre et Angelo aperçoivent ce qu’ils pensent entre un ours. A 500 mètres sur une crête, juste le temps de l’apercevoir et il disparaît.

 

 

 

 

 

 

Mardi 13 juillet

 

Navigation, on change de mouillage.

 

Mercredi 14 Juillet

 

On est maintenant dans un nouveau mouillage dans la baie de la Calypso.  Non loin d’une base scientifique polonaise. ZERO est mouillé au pied d’un glacier. Nous passons la journée à diverses activités :

-         débarquement, nous foulons la terre que nous avons quittée depuis 8 jours. Ca fait du bien.

-         leçon de tir à la carabine, en effet, le gouverneur du Spitzberg oblige les visiteurs à s’équiper d’un fusil. Permis de chasse obligatoire pour se protéger des ours. Angelo et Pascal nous expliquent le maniement du pétard, capable de tuer à 5000 m. une véritable arme de guerre. A terre, elle ne doit pas nous quitter. Nous l’avons louée a Tromsoe.

-         Balade jusqu'à la base scientifique. Bien qu’habitée (du linge sèche à un fil), nous ne croisons personne. Peut être sont ils en promenade … Croisé des reines. Ramasser leurs bois.

-         Longue marche de 3 heures

-         Séchage du bateau sous un grand soleil

 

 

Jeudi 15 Juillet

 

Nouveau mouillage, encore au pied d’un glacier.  Nos 1 er phoques.

 

Vendredi 16 Juillet.

Depuis quelques jours nous sommes totalement décalés. L’absence de nuit nous perturbe. Petit déjeuner a 11h, lunch vers 16 h, et dîner vers 23 h….  En ce matin du 16 juillet, j’émerge tout de même vers 8h30, le dernier se lève vers 10h30.  11 h30 départ vers Longyerbean, je suis a la barre. Un peu las de l’attente, je n’étudie  pas bien la carte, enroule un peu trop une pointe, me guide au sondeur. Et puis d’un coup, paf, planté. J’avais longé un petit iceberg, j’imagine un moment être posé sur lui. Pas du tout, on est sur le gravier …. Le sondeur n’est pas fiable dans cette eau trouble. Alors que nous sommes posé sur le fond, il indique encore 7 mètres !!!!  Mais sur la carte, nous sommes bien sur un haut fond.

Plusieurs tentatives n’y feront rien, tirer une drisse avec l’annexe, marche arrière a fond…  Ne reste plus qu’à attendre que la marée remonte. 2 heures après, on est libéré. Cap sur Longyerbyen.  A fond la caisse, entre 9 et 12 nœuds. Un bon vent enfin là, de ¾ arrière.

 

 

 

Grib : fichier météo que l’on peut intégrer sur la cartographie.

AIS : sorte de donnée que les gros bateaux envoient en permanence. Nom, position, vitesse ….  Nous les recouperons sur la cartographie, et pouvons les suivre a l’écran. Sécurité.



25/09/2011
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