la balade de ZERØ à l'infini

la balade de ZERØ    à l'infini

Cap Vert

15 jours.  Je serai resté 15 jours à Palmeira , principal mouillage de SAL, ile du Cap-Vert. Et 6 ans se sont écoulés depuis le passage de Matins Bleus en 2004. Souvenirs, souvenirs.

Depuis mon dernier billet la famille AZEMAR a d’abord rejoint le bord, accompagnée de leurs amis les Doste puis les Crozat. En leurs compagnies nous avons visité Lanzarote, Fuenteventura, Gran Canaria, Tenerife et enfin La Gomera. La navigation entre les îles a été plutôt cool. Un vent raisonnable qui a épargné les estomacs des équipages. Définitivement, Tenerife est la plus belle île. La plus grande, la plus diversifiée. Le Teide, la plus haute montagne de l’Espagne la domine a plus de 3800 m.

 

 

 

 

A la Gomera, j’ai retrouvé Fredoya, en transit depuis le Groenland et en route pour les Antilles. J’en ai profité pour alléger le bateau de qques kilos en leur livrant tout le matériel transporté pour eux depuis Mortagne sur Gironde : un groupe électrogène, des fusils de chasse, une hélice, de l’accastillage … J’ai ainsi été content de retrouver la famille Jougla même si  Fred, le papa-capitaine-constructeur  était en France pour se faire opérer du dos. Jerome un ami de la famille avait rejoint le bord pour la traversée vers les Antilles. A ce jour, Fred a du rejoindre son bateau et sa famille. J’espère que nos routes se recroiseront bientôt.

 

 

 

Puis ce fut l’équipage de choc pour la traversée des canaries vers le cap vert. Avant le départ en navigation, pour les 2 premiers jours de leur présence a la Gomera : Jean Michel, Gilles et Andre,  les pauvres, n’ont pas été gâtés. Pluie, pluie, pluie, et pluie. Et dès que l’on montait  dans l’arrière pays pour voir un peu de haut si c’était mieux, c’était brouillard, brouillard et brouillard.

Bref, juste eu la possibilité de voir le puit ou C Colomb se ravitaillait en eau avant ses traversées vers les antilles. Voir la belle église du village et nous voila partie.

Au passage et pendant près de 60 milles, on a pu admirer le sommet enneigé du TEIDE. Rare.

 

La traversée a durée 6 jours. Et on peu la diviser en 3 parties. Les 3 premiers jours ont été merveilleux. Du vent pile poile comme il le fallait. Et comme nous avions décidé de nous approcher de la cote africaine pour éviter de faire du près, nous avons abattu  580 milles en 3 jours. Les 2 jours suivant ce fut la petole, calmasse. Un peu de moteur de temps en temps, l’histoire de recharger les batteries. Et enfin, le dernier jour il a fallu accommoder avec un  vent mollasson au possible.

En approche de SAL, j’avais le souvenir d’une entrée pas simple, des cartes erronées, des épaves, des bateaux au mouillage pas éclairés. D’autant plus que mes cartes même électroniques n’étaient pas a jour. J’avais donc décidé de ralentir le bateau afin d’arriver avec le jour. Au petit matin, on entre dans le port, on jette l’ancre et on se repose.

 

 

 

Un solide petit dej plus tard, on débarque et je m’attend a tout. J’ai tout imaginé. Que s’est il passé depuis 2004 ? Déjà la jetée a été agrandie, rallongée. Il y a plus de place à  l’abri. Ca, c’est bien. Ensuite, rien ne semble avoir changé dans le village. Mêmes maisons, un peu délabrées, datant probablement de l’époque Portugaise, mêmes rues pavées, mêmes arbres. Même nonchalance. Mais 2 grandes différences pourtant. Des hordes de touristes arrivent en 4x4 pour voir le village de pécheurs de l’île. Ils descendent de leur voitures, clic clac, merci kodak et filent a la boutique de souvenirs montée pour l’occasion. Cela fait un peu visite de zoo, ou de réserve.

Autre nouveauté, le nombre de 4x4 dans l’île. Presque plus qu’aux Antilles françaises. 15 jours que je suis ici, et un  cargo arrive et débarque son chargement pratiquement tout les 2 jours. A chaque fois, quelques containers, et 3 ou 4 luxueux 4x4 flambants neufs.

Pour peu que le mouillage soit bon et agréable, j’aime bien rester longtemps sans naviguer. Je souffre lorsque pour des raisons de planning, je dois avancer en ne restant que qques jours voire qques heures au même endroit. J’aime rester longtemps pour m’imprégner de l’atmosphère, de l’ambiance, et c’est sous cette seule condition qu’on peut établir un contact autre que commercial avec la population locale. Comme Zidane, John, Paul qui vivent sur un voilier. En fait ils gardent le voilier d’européens rentrés aux pays.

 

 

 

Ou comme Aguy, la vendeuse sénégalaise que l’on retrouve tout les matins sur le quai. Elle vend à la sauvette des colliers et autres babioles aux touristes. Elle nous guidera pour faire des courses, la lessive. Patricia, qui tient l’Internet café. Et puis, avec le temps,  on commence à nous reconnaître. On ne nous propose plus un aluguer (taxi collectif) à tous les coins de rues. Les chauffeurs  commencent à connaître nos habitudes. Et ils savent que nous savons comment fonctionne leur système de transport en commun. Ou on le prend, ou on descend, combien ça coûte..

C’est en discutant avec l’un d’eux que j’ai appris que ces gros 4x4 ( il y a même des hummers !!) appartiennent a qques riches cap verdiens qui profitent du tourisme . Dans l’immobilier ou en montant un petit business de day charter en bateau ou en 4x4.  Pour les autres, rien n’a changé ou presque.

 

 

Aussi, on est content lors que l’on voit que rien n’a changé 6 ans après. Mais les locaux, peuvent il en dire autant ?  Peut être préférerait vivre dans des habitations plus modernes, avoir l’eau courante, trouver un supermarché un peu mieux approvisionné. Pouvoir s’acheter un moteur ou une barque neuve … Nous on est satisfait de cette situation, mais eux ? 

Nous en France on pousse de cris et on défile dans la rue si nos salaires n’augmentent pas. Si notre pouvoir d’achat est figé, bref, s’il n’y a pas de croissance. Alors, pourquoi se réjouir de l’immobilisme de ces pays qui ne rêvent que d’un peu plus de confort. Il y a de l’hypocrisie dans l’air ou de l’égoïsme.

Et pourtant, eux aussi souffre de la comparaison. Au sud de l’île, il s’est créé un immense complexe touristique. Une ville énorme, pas trop laide mais énorme. En discutant avec un cap verdien, je lui demande,

‘’C’est bien ça, ça va donner du travail a beaucoup de monde ici, et en plus il a dû falloir beaucoup de monde pour construire tout cela’’. Et bien, pas du tout, les cap verdiens, avec leur salaire de 450 euros par mois souffrent de la concurrence qu’ils jugent déloyal des sénégalais et des maliens qui ne demandent que 180 euros par mois. Des clandestins pour la plupart.

Ca me rappelle quelque chose ….

 

Mais quoi qu’il arrive, le peuple cap verdien est un peuple attachant. Plein de gentillesse, de dévouement, de sourires, sans agressivité, même commerciale, toujours prêt a rendre service. On ne peut que les aimer.  Et compatir à leur combat quotidien pour se nourrir. Pour le moment, la mer est encore reconnaissante, elle leur donne tout le poisson dont ils ont besoin. Le tourisme assure le complément.

 

Samedi 18 Décembre : c’est le soir, Gilles, Jean Michel et André sont rentrés en France, je suis seul sur ZERO depuis 3 jours et je savoure. Je savoure ces moments d’intenses symbioses avec lui.  Je le bichonne, l’inspecte, prend soin de lui. Mais, ce soir, je suis au bar des pécheurs à siroter une Strela, la bière locale, avec mes nouveaux amis ( Loïc, Dominique, Christian et tous leurs copains Cap Verdiens) il est 21 h00 , mon téléphone que j’avais, je ne sais pourquoi pris,  vibre  dans ma poche, un SMS:

‘’ On est a 1 heure de Palmeira, ou êtes vous ?, signé Fredoya

Merde, qu’est ce qu’il foutent la ? Ils voulaient traverser vers les Antilles direct, ils ont des pbs techniques ?

 

2 heures  après, d’un coup d’annexe, je suis à leur bord  et leur souhaite la bienvenue au Cap Vert. Fred est a bord. Heureux et en bonne forme malgré son opération qui ne date que d’ 1 mois.

En fait, ils partaient pour les Canaries, mais l’absence d’alizés les a contraints à faire escale au Cap Vert. Merci l’alizé. Tu m’as permis de revoir mes potes.

Le Dimanche c’est la fête a Palmeira, tout le village est dans la rue : brochettes sur la place centrale, danses endiablés au Capricorne, le bar local.

Mercredi 22 : je laisse le bateau a Christophe venu du diable vauvert ( Le Nepal) avec des amis . Il va s’occuper de ZERO jusqu’au 6 Février. Je le retrouverai à Dakar.

30° à Sal, -4° a Bruxelles ou je fais escale. Neige, le choc est rude.

 



25/09/2011
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