Les Lofoten
Depuis quelques jours nous sommes dans un environnement étonnant. Nous nous y attendions, mais la surprise est tout de même réelle. Nous sommes aux Lofoten, lieux mythiques. Mais revenons en arrière :
Nous avons quitté Bodoe ou nous avons débarqué les furieux de la montagne, et récupéré Damien, notre ami médecin, Français et marié a Ina, Norvégienne. Ils habitent Bergen depuis 20 ans. Nous les avions rencontré en Septembre et avions gardé contact. Damien est passionné de montagne et de randonnée et n’a pas pu résister à l’appel des Lofoten. Le volcan islandais ayant quelque peu perturbé notre planning, il a fallu improviser un nouvel itinéraire. Au gré de nos navigations, nous avons ainsi retrouvé tout à fait par hasard, IMRAM, l’ancien bateau de Peter, l’architecte de ZERO, un intégral 43. Aux mains d’une famille de Chambéry, nous les avons retrouvé à Bodoe en vacances pour Paques. Nous y avons aussi croisé Marc, un français, navigateur solitaire sur son bateau partiellement ‘’ home made’’, un Mercator 105 . Marc (http://volumondu.over-blog.com ) a passé tout l’hiver entre Tromso et les Lofoten. Nuit polaire et froid au programme : Chapeau.
Bodoe n’est pas très beau. Village de 20 000 habitants, il me fait penser à ces villes de l’ex union soviétique, grise, pas très gaie, aux larges avenues un peu terreuses, de la neige sur les bords. Rappel : la ville a été rasée par l’aviation allemande durant la guerre de 45. Seuls véritables intérêts, la possibilité de faire un avitaillement complet et la présence du musée de l’air.
Apres Bodoe, ce fut, la petite traversée de 40 miles pour les Lofoten. Il est difficile de raconter les Lofoten, il faut les voir ; c’est un peu les alpes dans la mer. Blottis au pied des montagnes entièrement enneigées, des petits ports de pêche aux maisons chatoyantes, protégés comme toujours pas des îles a foison. Nous sommes en ce moment dans cette région. L’occasion de faire de nouvelles randonnées a ski mais aussi de visiter une usine de traitement de poisson : salage et séchage. L’ambiance est toute particulière : Pleine de sérénité et de calme. La nature est sauvage, la mer difficile. En apparence, les gens sont rudes, comme leurs îles, mais une fois le contact établis, ils s’avèrent être très accueillants, ouverts et disponibles. L’autre jour, alors que ZERO se balançait tranquillement sur son ancre, et alors, que nous débarquions de l’annexe, ski, sac a dos, chaussures de randonnées au pied, nous avons croisé un vieux monsieur Norvégien. Damien a rapidement établit le contact et 5 minutes après le monsieur se proposait de nous déposer avec sa voiture aux pieds de la montagne, nous épargnant une longue marche d’approche. Le soir, au retour de la balade, il nous attendait pour nous inviter à partager chez lui des gaufres et du thé. Nous sommes repartis 3 heures plus tard avec sous le bras une morue séchée et une énorme truite de mer qu’il avait péchée peu de temps auparavant.
Ici la pêche est impressionnante. Je ne vais pas parler des innombrables coquilles Saint-Jacques vides que nous voyons sur les plages. Elles prouvent que quelques mètres plus loin, mais par 10 mètres d’eau, il doit y en avoir de succulentes. Mais qui voudra plonger pour aller les ramasser, avec cette eau à 5°C ? Non, je veux parler des morues. Comme le dirait mon copain Didier, les morues sont aux Lofoten, ce que la blanquette est à Limoux. La pêche ici : Trop facile ; On jette le fil, il arrive au fond, on remonte de 20 cm. On attend 5 secondes maximum et hop une touche, on remonte une morue de 1,2 kgs environ. On recommence et en 10 minutes, c’est 5 a 6 morues que nous préparons en brandade, au four ou a la poele .
Pour la 3 eme fois depuis notre départ de Bergen le 15 mars, Zero a fait l’objet d’un article dans le journal local. Certes, il ne se passe probablement pas grand-chose dans ces contrés et ZERO est un bateau atypique, alors, nous répondons avec plaisir aux journalistes venus nous interviewer.
Nous sommes en ce moment au mouillage, bien abrité, nous laissons passer un vilain coup de vent qui combiné avec la température de 2 degré rendrait la navigation vraiment pénible. Nous pensons pouvoir rejoindre en 2 jours Tromsoe ou se trouve le bateau de nos amis Fredoya.
Je reprends ce message alors que 3 jours viennent de passer. Nous avons effectivement attendu que le vilain coup de vent passe. Puis nous avons repris la mer avec une météo annonçant 25 nœuds. De bonnes conditions qui devaient nous permettre de naviguer rapidement. Apres être sortie en mer, le vent est monté a 35 nœuds. Sous 3 ris et trinquette partiellement enroulée, je me suis retrouvé à la barre avec un vent montant jusqu'à 50 nœuds. Ambiance … A ce moment, alors que la rafale couchait le bateau, je me suis demandé jusqu’ou cela allait monter. J’ai senti et vu le vent arriver, j’avais anticipé, changeant le cap en conséquence, mais je ne savais pas jusqu’où la rafale allait monter. Christophe, alors a l’intérieur, s’est précipité dehors et a vu ma mine réjouit. Le bateau a bien répondu, a accéléré dans la rafale. A ce moment, la mer était blanche. Le sourire aux lèvres, je n’ai pu voir que l’anémomètre monter, monter, monter, oubliant le regarder le speedo. Probablement 13 à 15 nœuds. On ne sait pas. Apres cette épisode mi amusant, mi angoissant, on a mit le clignotant a gauche et posé la pioche dans une crique abritée. Que l’on pensait !! Déjà difficile de se réchauffer, pardi, 2 degré dehors, de la neige qui vous cingle le visage. Le chauffage peinait à faire monter la température à des niveaux acceptables. Puis la nuit difficile, avec des rafales encore a 40 nœuds. Dans ces cas la, au fond de sa couette, on prie pour que l’ancre tienne le coup. Les oreilles tendues, on surveille le moindre bruit inhabituel qui trahirait un décrochage de l’ancre. Tiens, ce clapotis, je ne l’entendais pas tout a l’heure. Tiens, on ne penche plus, tiens, ce truc la ne grince plus. Et pourquoi le vent semble moins fort ? Et on se maudit de ne pas savoir ce que veulent dire ces cy, 2 lettres sur la carte qui nous renseigneraient sur la nature du fond sur lequel repose l’ancre. Pas du sable, repéré par un S (sand), pas de la vase ( M : mud), pas des rochers ( R)… Que peuvent bien dire ce cy ? Le lendemain, on découvre qu’il s’agit de Clay, de l’argile. Impeccable. Le vent peut souffler fort, l’ancre sera bien accrochée. En réalité seul les rochers sont inquiétants, soit l’ancre glisse dessus, soit elle se coince. Mais elle risque aussi de se coincer définitivement. Et on l’aime bien notre ancre. Alors, voici 2 jours que nous sommes la, sans rien voir ou presque, dans une alternance de brouillard, et de giboulées de neige qui bouchent la vue. Pour sortir dehors, c’est habits de cosmonautes obligés.
Dehors, ça brasse. Qu’ils sont loin ces 10 jours de grand ciel bleu !!! Vivement demain.
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