Mer Baltique du 24 juin au 15 juillet ( article rédigé par Christine D.)
Nous avons exploré une galaxie liquide, îlots couvrant la mer, cailloux innombrables marqués d’une étoile sur la carte. La Baltique a joué avec sa gamme de verts, verts-gris, de bleus, bleus-gris, avec sa gamme de scintillements.
Deux équipages se sont relayés : Isabelle, Etienne, Jean-Pierre, Guillaume et Bertrand, le capitaine, pour la première mi-temps et Marie-Do, Nathalie, Laurence, Philippe, Jean, Christophe, Christine et Bertrand pour la suite. Départ de Nynäshamn (près de Stockholm) pour Helsinki puis Helsinki-Stockholm, le tout par le chemin des écoliers.
Ces navigations nous ont permis des records : du nombre d’îles visitées, de la diversité des activités : voile, baignade, marche, vélo, paddle, canoë, visites de musées… Seule la pêche est en reste… Merci à la grande capacité de stockage de Zérø !
Record du nombre de balises passées, rouges, vertes, cardinales, Zéro serpente dans cet univers de roches rondes, de propriétés de villégiature, les habitations de bois rouges, vertes, jaunes, grises. Ambiance paisible et apaisante. On abat, on empanne, on s’amuse !
Le vent est parfois très présent et par moments d’une discrétion remarquable. Ce 29 juin, après une belle matinée à Kokar (Sandvik exactement) que nous avons sillonnée à vélo, départ à quinze heures. Mer belle, voile sous spi. Nous contournons une zone grise (incomplètement cartographiée), les winches grincent, le vent est d’ouest, arrière pour nous, grand’voile et spi en ciseaux. Doux balancement. Le soleil décline tranquillement. A 18h30, nous sommes seuls sur l’eau. Nous sortons des Aland. Le soleil chauffe, beaucoup comme chaque jour jusqu’à présent. Le spi fasseille, nous sommes en-dessous des deux noeuds. 58 mètres de fond. Et si on mouillait ? Ce n’est ni une proposition du capitaine ni de l’équipage, une simple pensée venue de ce moment et de cet espace de paix. Nous attendons le « seurin ». Guillaume est le seul initié au seurin, il nous a mis l’eau à la bouche, moment de baisse de la pression atmosphérique et de renforcement du vent a coucher du soleil. Nous surveillons sa venue tous les jours… Zérø, trace un sillon doré miroitant de jaune fluorescent derrière nous…
Samedi 15 juillet, nous nous réveillons sous la pluie, la température a chuté, celle de l’eau aussi, oubliés les 25,8 degrés de l’eau à Jurmo ! Paysage vert-de-gris sur lequel se détache le rouge des vêtements de mer. On joue au rase-cardinale. Le vent forcit, les écoutes claquent. Le rose des rochers se densifie, les petites maisons rouges regardent patiemment, parasols fermés, tomber la pluie devant un flamboiement de verts brillants. Les yeux du capitaine fixent l’horizon d’un regard intense, aller-retours vers la carte dans la cabine, les winches travaillent sous l’effort des garçons. 16 noeuds, on prend un ris. Les moutons maritimes sortent des profondeurs pour jouer avec les flots. Zérø souffle. Le vent siffle dans le gréement. Lutte face à face jusqu’à Hanko. A Hanko, nous avons de la visite, un Finlandais et sa femme, attirés par ce bateau particulier, montent à bord. Nous leur offrons du rhum et eux des conseils sur ce qu’il y a d’intéressant à voir pour la suite, Suomenlinna par exemple à Helsinki, forteresse maritime construite au départ pour se protéger de l’empire russe.
Deux haïkus, le premier écrit par Isabelle, le second par Etienne au début de la navigation, donnent la coloration de cette première partie en mer :
Myriade d’îlots
Rochers ronds, pins et feuillus
Le cygne s’envole
Suède la belle,
Calme et sérénité
Partage amitié
Mercredi 5 juillet, changement d’équipage à Helsinki. Tous les équipiers sont là mais pas tous les bagages… le risque des transits… Pas de dommage, ils sont vite récupérés.
Deux jours plus tard, le soleil est revenu, moins ardent que lors de la première partie du séjour. Nous partons pour Tallinn en Estonie. Qui aurait imaginé avoir Tallinn comme étape de voyage ? La vieille ville médiévale est charmante et mérite d’être visitée. L’étape est l’occasion de courses, nous nous remettons à la traduction du « spruntz », pas simple le finnois, l’estonien ou le suédois et mieux vaut éviter les erreurs. Les Estoniens sont pleins de bonne volonté pour nous aider et l’option « photo » de google traduction nous tire bien d’affaire mais quand même, au restaurant, Philippe commande du poisson pour le dessert…
Les anecdotes continuent. Au départ de Tallinn, mon cher époux m’oublie sur le quai. Il n’est pas loin et après quelques signes et vocalises, je suis repérée et je peux monter à bord, ce n’était donc pas vraiment un acte manqué… Entretemps, le pont tournant de Tallinn s’est refermé.
Après un peu d’attente, nous pouvons enfin prendre la route des îles. Cap sur Örö (prononcer « heureux », la bien nommée !) dans l’archipel de Turku. Navigation au près, un grain nous rattrape. Foc et trinquette, c’est beau ! Navigation de nuit par couple. Sur Örö, nous profitons des bonheurs terriens, marche, sauna au bord de l’eau, installations sanitaires superbes comme toutes celles
fréquentées jusque’à présent, grillades au barbecue mis à disposition.
Sandvik et Mariehamn nous ont beaucoup plu à l’aller et nous leur rendons à nouveau visite. Ambiance dorée, le reflet de Zérø sur l’eau, la caresse du soleil sur la coque, chacun est flatté par la beauté de l’autre. Visite du Pommern pour certains, quatre mâts de la marine marchande, désarmé en 1939. Les Baltes prennent soin de leur patrimoine maritime. Nous naviguons ensuite sous spi à 9 noeuds, vent grand largue. La voile est gonflée et déploie toute sa puissance. Impressionnant !
Nous, les filles, nous faisons plaisir le dernier après-midi de navigation. Zérø est entre les mains d’un équipage féminin. Marie-Do est le nouveau « Captain » et nathalie, Laurence et Christine se relaient à la barre et au repérage des balises. On y croit, à notre avenir de marins ! Le soir, désillusion, mon lancer d’haussière n’a pas plu au capitaine en titre…
Sandhamn , Stockholm, beaux souvenirs. La première peut-être un peu trop touristique et un peu bruyante dans l’après-midi, ses dédales de toutes petites maisons rouges fleuries sont toutefois un délice !
Merci à Zérø, toujours vaillant, Merci à la Baltique qui a tenu ses promesses !
Seurin, nous ne t’avons pas trouvé ni éprouvé.
« C’est l’eau qui fait le cygne » (début de proverbe ), ce sont les personnes du bord qui font que la mer sera « une amante fidèle « (Adieux à la mer, A. De Lamartine)
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