Du Groenland à l'Ecosse
Vendredi 14 Août , Nanortalik, Cote Sud Ouest du Groenland.
Nanortalik
Nous sommes 9 à bord de ZERO ce soir : Niki et Ben du bateau Midnight ; Maud, Thierry, Antoine, Guillaume, Lionel , Paulo et moi de ZERO. Tous prêts à en découdre avec l’Atlantique.
Un 3eme bateau est a couple , 10 mètres environ, avec un curé de 80 ans à bord et 4 jeunes anglais, alpinistes ... Ils rentrent aussi en GB, et partiront dimanche.
Nos nouveaux amis, nos meilleurs ennemis , des anglais , nos voisins de ponton, Midnight , avec Ben et Niki a son bord viennent dîner sur ZERO.
Niki a préparé un super Chilli con Carne, arrosé de vin rouge. Nous venons de décider, Ben, Thierry et moi, de quitter de concert Nanortalik demain matin. Retour en Europe pour les 2 bateaux. ZERO à Oban, Midnight vers Cowes.
Midnight
Cela faisait plusieurs jours que nous étudiions les cartes météos, les cartes des glaces, les cartes de vent. Nous avions 2 options principales : Passer par le canal Prinz Christian Sund pour déboucher sur la cote Est du Groenland; mais qui risque d’être bouché par les glaces à sa sortie à l’est . Ou cap au sud pour contourner le cap Farewell ; avec ses icebergs et ses glaces dérivantes.
Les prévisions météo donnent un vent contraire à la sortie du canal. On décide donc de passer par le sud et contourner le Cap Farewell.
Jour 1 : Debout à 4h30 du matin. Le jour se lève. Il faut partir tôt pour bénéficier du maximum de jour et zigzaguer entre les glaçons. La nuit, ce serait plus aléatoire pour ne pas dire dangereux. Un peu la roulette russe. Début de journée magnifique. Peu de vent, luminosité exceptionnelle.
On déchante vite car 3 heures après le départ, on entre dans une épaisse purée de pois. Moins de 50 m de visibilité. Sympa au milieu de tous ces icebergs. Un gars à l’avant du bateau, un second à la barre, prêt à dégager à TB ou à BB. Cela durera 18 heures. Car à la tombée de la nuit, malgré la distance importante du Cap, Guillaume aperçoit un énorme glaçon. STRESS à bord toute la journée.
Jour 2 : On semble être sortis de la zone minée. La visibilité s’est améliorée car le vent s’est levé. 20-25 nds, mais dans le nez. Pas cool. ZERO est bien gîté, s’ébroue, grince, souffre. Je souffre avec lui. Pas facile de vivre dans ces conditions. PENIBLE
Jour 3 : idem Jour 2 . PENIBLE
Jour 4 : Le vent tombe, ron-ron du moteur . Pendant 24 heures. PENIBLE .
Jour 5 : On l’avait vu au départ, les fichiers météo donnaient un coup de vent aujourd’hui. Il est la. 35 nds pile de l’arrière. La mer est aussi bien agitée, voire forte. Génois tangonné, ça bouge beaucoup. ZERO roule d’un bord sur l’autre à 9 nds. PENIBLE
Jour 6 : idem Jour 5 : PENIBLE
Jour 7 : le vent s’est calmé. A nouveau moteur . Mais pour la première fois depuis le départ, un peu de soleil. On peut enfin sortir sur le pont . Jusqu’à présent, nous étions coincés à 7 à l’intérieur. SYMPA
Jour 8 : Nouvelle dépression. 40 nds . ca bouge encore beaucoup. PENIBLE.
Jour 9 : Je ne comprends plus rien, le vent est fou, il tourne beaucoup puis finit par s’établir au Sud . André, à terre, joint par l’iridium nous dit que nous sommes en plein centre d’une dépression . La mer est désordonnée. Enfin établi, le vent vient du travers, avec des rafales à 45 nds. ZERO file à fond sous trinquette seule. Des vagues s’invitent sur le pont et remplissent le cockpit. Certaines éclatent sur la coque faisant un bruit terrible. On se bénit d’être en alu : STRESSANT.
Jour 10 : en approche d'Oban, le vent redevient léger, le soleil se montre. On peut tout faire sécher sur le pont. SYMPA.
Oban
Bilan : 10 jours, 1650 Nm. Moyenne de 160 Nm par jour , 10 heures de soleil.
STRESS : 2 jours, SYMPA : 2 jours, PENIBLE : 6 jours.
Je vous laisse conclure.
Durant cette navigation, je me suis juré de ne plus revenir dans ces coins hostiles. On est venu, on a vu, on a reçu. Vivement la douceur et la langueur des navigations plus sud.
En tout cas, chapeau a tout l’équipage. Maud , Thierry, Paulo, Guillaume, Antoine et Lionel . Tout le monde a vraiment bien assuré. Malgré les conditions difficiles. Malgré la promiscuité imposée ; les jeunes étaient venus pour voir. Ils ont vus. Pas une croisière, Mais une expérience de vie.
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