La mer inspiratrice
Un poème ecrit par Pierre Steen, un ami de Thierry et Sophie, lors de la traversée entre Lisbonne et Ponta Delgada aux Açores.
Ode à la nuit
Quart de nuit, emmitouflé de sommeil,
Le ciel profond se couvre, vigilance de veille.
En quelques minutes, Éole prend le pouvoir,
La gite nous rapatrie de l’hiloire.
À la manœuvre pour la prise de ris.
Chacun sa tâche, la rumeur étouffe les cris.
Montée d’adrénaline aux conscients de l’instant,
Bourrasques et pluie, en tumultes alternants.
Sifflement des drisses, claquement des voiles,
Le bateau enfin se calme au retrait de la toile.
Comme il est venu, le vent s’éloigne, ivre de colère
Et révèle après lui toutes les étoiles de l’univers,
Brillantes, d’ors, auréolées, bleuâtres, nimbées ;
Tout le zodiaque est là. Où regarder ?
Sous la casquette, essoufflé je m’allonge,
L’esprit décolle, oxygéné de force, je plonge.
Je nage dans la magnificence du firmament,
Suffoqué de tant de beauté, d’incroyable apaisement.
L’océan donne ce qu’il consent.
Mais déjà la tourmente reprend son ascendant.
Sournoisement, l’obscurité masque le sillage.
Le front, la baston et son sinistre bagage
Bouscule les matelots de bonne volonté
Et impose la manœuvre redoutée,
Debout aux écoutes, déséquilibré sur le pont :
La trinquette remplace le génois pour de bon.
Le quart s’épuise, le ciel s’allume à nouveau,
Tout azimut, clair, le spectacle s’habille de beau.
Sous couvert de la grand-voile arisée,
San-Miguel apparaît alors d’un trait de côte orangé.
Il est temps de dormir. Il est temps de rêver.
Je rejoins tous ceux, qui au bout de la nuit,
Les yeux rougis de sel, sous l’horizon qui fuit,
Ont vu un jour, les Açores, au dessus du bordé.
Pierre Steen le 22 février 2018
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